La chercheuse qui signe l’article s’appuie sur une étude du Centre d’études et de recherches sur les qualifications publiée en 2010 (Céreq). Les conclusions sont éloquentes : moins de la moitié des docteurs en Sciences humaines deviennent cadres contre 89% des docteurs en sciences dures.
Plusieurs explications clairvoyantes sont proposées pour tenter de justifier cet écart :
- Les Grandes Écoles sont partenaires des entreprises, leurs étudiants y réalisent aisément des stages. Quid du traditionnel débat sur l’Université, trop éloignée des réalités de l’entreprise.
- Les étudiants de sciences humaines sont modestes, quand les ingénieurs sont formés pour prendre des décisions. Une différence manifeste de méthodologie entre l’université et les écoles, donc.
- Les savoirs acquis sont directement applicables dans l’entreprise pour les ingénieurs, plus flous et nébuleux en sciences humaines.
Pour la doctorante en sciences humaines, « il est donc tentant de se lancer dans un discours empreint de jalousie et de rancœur vis-à-vis de nos rivaux de toujours, les ingénieurs ». Néanmoins, elle constate que les diplômés en SH doivent «apprendre à se vendre, à créer des liens avec les entreprises et à lever le doute sur [les] compétences et [les] savoirs ».
Pour remédier à cela, Lisa Jeanson prône de collaborer pour « mettre fin à cette éternelle guerre entre les sciences dures et les sciences molles » et évoque différentes pistes déjà ouvertes en ce sens.